samedi 18 avril 2009

Les couleurs de ma vi(ll)e

Les chalutiers ont regagné le bercail,
Amarrés et grossièrement somnolents.
D'odeurs ils se délestent les entrailles,
De relents de gasoil et de poiscaille entêtants.

Des haut-le-coeur...

Vulgaires au regard de leur voisine,
La Belle Angèle, qui se pâme, gracieuse,
Insolente et fière de ses armatures fines.
Nue de ses voiles, elle est pourtant paresseuse.

Il est neuf heures...

Le crépuscule aiguise des éclats de voix
Et trouble le brillant des prunelles,
Tandis que le clocher du beffroi,
D'une étole rose, drape sa citadelle.

J'ai mal au coeur...

Entâché de pompons roses bientôt rouillés,
Le cerisier de la place grise s'étire,
Vers de fantomatiques volailles grillées,
Indécent témoin de solitudes gorgées de désirs.

Mon espoir de toi se meurt...

Les devantures des cafés ne sont pas encore embuées
Des souffles des amants impudiques.
Mais contre les murs, des silhouettes esseulées,
Errent déjà, orientées par le même vecteur tragique.

Me rejoindras-tu mon coeur?...

Ma ville bleue est devenue rose
Mais mon âme se meurtrit de bleus,
Tandis que ton souvenir me névrose,
Alors que d'ocre à rouge ta ville se meut.

Si seulement... respirer ton odeur...

Enfin sur mon refuge la porte va se refermer,
Filtrant à mes sens la vision parmée
De la cité en proie au chaos de cette soirée.
Mais de l'Autre aimé, je ne suis guère protégée.

Si tu savais... ma douleur... mon coeur...


Place Jean Jaurès à Concarneau (Finistère)

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