lundi 30 mars 2009
L'être manquant
Une inexorable chute que rien ne peut amortir,
Une ombre aux lèvres d'un convenant mais pâle sourire,
Un tatouage douloureux à la brûlure d'un tison.
L'être manquant guette d'innombrables nuits,
Tapi dans l'ombre de ma couche détrempée
Des larmes amères qu'il a extirpé,
Jusque l'aube où il s'invite encore à mon âme endolorie.
L'être manquant insuffle et magnifie mes espoirs,
Pour mieux les dérober et piétiner aussitôt.
Mon coeur fébrile et meurtri à ses assauts
S'enfle d'un flot de larmes contenues ô désespoir !
L'être manquant n'a de cesse de me tourmenter,
Lorsque le sursaut de son souvenir me fait frémir
Et que son arrogant silence me voit souffrir.
Je ressens encore la cruauté de sa main qui m'a caressé...
mardi 24 mars 2009
Brest vue par un enfant du pays
Artiste: Christophe Miossec Chanson: Brest
" Est-ce que désormais tu me détestes
D'avoir pu un jour quitter Brest
La rade, le port, ce qu'il en reste
Le vent dans l'avenue Jean Jaurès
Je sais bien qu'on y était presque
On avait fini notre jeunesse
On aurait pu en dévorer les restes
Même au beau milieu d'une averse
Tonnerre, tonnerre, tonnerre de Brest
Mais nom de Dieu, que la pluie cesse
Tonnerre, tonnerre, tonnerre de Brest
Même la terre part à la renverse
Le Recouvrance que l'on délaisse
La rue de Siam, ses nuits d'ivresse
Ce n'est pas par manque de politesse
Juste l'usure des nuages et de tes caresses
Ceci n'est pas un manifeste
Pas même un sermon, encore moins une messe
Mais il fallait bien qu'un jour je disparaisse
Doit-on toujours protéger l'espèce ?
Tonnerre, tonnerre, tonnerre de Brest
Mais nom de Dieu, que la pluie cesse
Tonnerre, tonnerre, tonnerre de Brest
Mais nom de Dieu, que la pluie cesse
Tonnerre, tonnerre, tonnerre de Brest
Même la terre part à la renverse
Tonnerre, tonnerre, tonnerre de Brest
Est-ce que toi aussi ça te bouleverse ?
Est-ce que toi aussi ça te bouleverse
Ces quelques cendres que l'on disperse
Est-ce qu'aujourd'hui au moins quelqu'un te berce ?"
Brest de grisaille mais Brest qui m'a vu naître, étudier, travailler, aimer et vivre ! Brest que j'aime tant...
lundi 23 mars 2009
Le prince bleu berbère
Il est apparu au détour d'un chemin particulièrement ombragé de mon existence, comme on en emprunte plusieurs dans une vie. Il nous faut alors traverser ces zones d'ombre, tête baissée, dents serrées, le regard rivé sur les aspérités du sentier, sans oser lever les yeux, de peur que... De peur que les prochaines perspectives ne soient guère plus aisées que les présentes.
Je craignais donc de trébucher, encore et toujours, la confiance en moi m'ayant abandonnée. Comment favoriser la rencontre lorsque l'attention est concentrée sur la ruguosité du sol et non sur le parfum iodé, le goût de sel sur les lèvres, les pousses végétales écloses dans le sable hostile, le bruyant et majestueux chassé-croisé des goélands? C'est pour cela que je ne le vis pas tout de suite, mon esprit enfin reposé s'éveillant à peine et doucement à tout cela.
J'ignorais que ses yeux noirs, pétillants d'une malice enfantine, me scrutaient. Je ne m'apercevais pas que sa peau, adoucie de hammam et d'argan, dorée par le soleil brûlant du désert, me cherchait. Je ne comprenais pas ces mots, gestes et allusions qui m'étaient destinés. Prisonnière des mes désillusions passées, je ne l'ai pas entendu approcher, le prince bleu berbère.
Un instant pourtant (un de ces si rares et courts fragments de vie suspendus pour l'éternité...), j'ai fermé les yeux et laissé choir ma tête vidée sur sa poitrine, bleue du tissu de la djellaba. Ne me parvint même plus, alors, la grouillante vie de la médina, en ces jours de préparatifs de l' Aïd-el-kébir. Doucement, il a poussé la porte de la forteresse et a assiégé mon coeur.
Intimidée, je l'ai suivi dans la soirée des ruelles, vers le couchant d'Essaouira. Et je l'ai quitté dans l'intimité partagée d'une aurore de Marrakech. Effleurements maladroits, balbutiements plein de promesses, une porte qui se referme... Et ensuite? Le jardin de Majorelle accueillit ce lendemain d'étreinte. Je commencai alors, silencieusement, à ordonner les souvenirs neufs et à déjà verser, peut-être, quelques larmes, avec un cruel manque naissant au bord du coeur.
A deux-mille kilomètres, j'ai continué à le suivre, le prince bleu berbère : dans le confort sommaire d'un bivouac, sous la voûte étoilée de Merzouga,... Blottie dans ses bras, je m'endormais... bercée par des proverbes et des promesses de lendemains pleins d'évasion et d'amour simple. Inexorablement, patiemment, j'ai mis mes pas dans les siens, désert après désert.
Mais, malgré mes efforts, il m'a distancée. A-t'il oublié de regarder derrière lui? J'aperçois peut-être encore le point bleu de la djellaba, au loin, à travers un brouillard de larmes kholées, mais pour combien de temps encore?
M'a-t'il oubliée avec la distance qui s'est creusée ou l'ai-je tout simplement rêvé? Le prince bleu berbère a traversé ma vie mais n'en ressortira jamais tout à fait...
vendredi 20 mars 2009
Aurores boréales : entre science et poésie...
aurore polaire en Alaska (photo web)
Voici ma première note consacrée à cette mystérieuse et elliptique sinuosité verte que l'on nomme aurore boréale. Terme bien poétique lorsqu'on songe à la myriade d'explications scientifiques qu'il recèle ; à renfort de protons, d'électrons, d'atomes, d'oxygène, d'azote, de champ magnétique,... A cela vient s'ajouter (plus inquiétant encore !) un son... comme un souffle fragile déchirant la voûte céleste. Peu m'importent les justifications de la science face à ce phénomène ! Non pas que je dédaigne la curiosité ni la valeur des informations scientifiques, mais, invétérée rêveuse, je préfère continuer à y entrevoir une part de mystère.
Dans mes rêves d'évasion et de bien-être, lorsque je ferme les yeux, je me vois, par la beauté d'une nuit australe, électrisée, non pas par la richesse scientifique mais par la magie d'une aurore boréale.
Je me vois aussi, au sommet des dunes de Merzouga, contemplant le silence des ses nuits étoilées. Mais cette "vision" fera l'objet d'une prochaine note afin de continuer l'explication du titre de mon blog...